Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 189

consultes : ils n’avaient pas seulement à discerner parmi les ordonnances de l’ancien régime celles qui n'étaient pas abrogées, à les rapprocher des coutumes provinciales, des arrêts des Parlements, du droit révolutionnaire et à ramener l’ordre dans ce chaos; ils devaient encore faire sortir de ces ruines accumulées une loi nouvelle reposant sur les principes du droit public moderne en même temps que sur les traditions constantes de la société française; ils devaient s'inspirer de l'esprit qui avait présidé à la constitution politique de la France, résoudre la question toujours si délicate des rapports de l’État avec le citoyen et concilier les exigences légitimes de l’un avec les droits imprescriptibles de l'autre. L'œuvre était, par ellemême, des plus ardues, et les dissentiments des rédacteurs pouvaient en aggraver encore les difficultés. Le droit romain et le droit coutumier, la législation de l’ancienne France et celle des provinces récemment annexées, le droit civil et le droit canon avaient chacun leurs défenseurs, et l’on ne pouvait écarter aucun de ces éléments du code futur sans porter atteinte à des usages invétérés ou blesser des intérêts respectables. Portalis n'avait pas moins de préventions que ses collègues. Il ne témoignait plus, il est vrai, pour l'unité de la législation civile, le même éloignement qu'avant la Révolution, alors que, protestant au nom du barreau d’Aïx contre les édits de 1788, il déclarait impossible la rédaction d’un code unique‘. Les événe-

1, Voir plus haut, page 34.