Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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délibérations d’une assemblée. Posée dès le premier jour de la Révolution, comme conséquence de l’abolition des priviléges, elle avait été successivement étudiée par la Constituante, la Législative, la Convention et le Conseil des Cinq-Cents. Chacune de ces assemblées avait compris qu’à la France unifiée, égalitaire et agrandie, il fallait une législation nouvelle et que la Révolution n’aurait achevé son œuvre que le jour où ses principes seraient entrés, par la loi civile, dans les mœurs, les usages et les intérêts de tous les citoyens. Elles avaient senti qu’en présence des Lois si nombreuses issues du mouvement révolutionnaire, l’application déjà si difficile de l’ancien droit deviendrait impraticable, et qu’une prompte codification pouvait seule rendre possible l’action de la justice. La Constituante conçut l’idée et laissa à ses successeurs le soin de la réaliser ; l’Assemblée législative n’en eut pas le temps; la Convention l’essaya à plusieurs reprises, mais chaque fois, emportée par la violence de ses passions politiques, elle fit œuvre de socialiste. Sous le Directoire, Cambacérès élabora un projet d’un caractère incertain et timide, dont les coups d’État empêchèrent la discussion. Enfin, le Premier Consul aborda le problème, et, grâce à la science et à l’activité de ses conseillers, il le résolut en quelques mois.

La rédaction du nouveau projet fut confiée à une commission qui se réunit chez le Ministre de la Justice, Abrial : elle était composée de Tronchet, de Portalis et de Bigot-Préameneu; Malleville en était secrétaire. Une tâche immense était imposée à ces quatre juris-