Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 269 tout, c'est ouvrir la porte aux plus redoutables excès de pouvoir. Exclure enfin les prêtres du partage de la puissance politique, c’estse montrer soucieux des droits de l’État et de la dignité du clergé; mais nier que leurs légitimes prérogatives puissent limiter celles de l'État, c’est subordonner, au moins en apparence, la liberté individuelle à la toute-puissance du souverain.

La même contradiction se reproduit encore plus loin, quand Portalis aborde la délicate question des matières mixtes et indique les diverses solutions auxquelles s'était arrêté le Gouvernement. Lorsqu'il revendique pour la société le droit de concourir à la fixation de l’heure et du lieu des cérémonies religieuses, ainsi qu’à la limitation du nombre des fêtes, lorsqu'il démontre la nécessité d'organiser le mariage civil à côté du mariage religieux, il reste sur le terrain exclusivement laïque; mais il en franchit les limites, lorsqu'il ajoute :

« Il est, par exemple, de l’essence de la religion que » sa doctrine soit annoncée : mais il n’est pas de l’es» sence de la religion qu’elle le soit par tel prédicateur » ou tel autre; et il est nécessaire à la tranquillité pu» blique qu’elle le soit par des hommes qui aient la * confiance de la patrie: 17 est quelquefois même » nécessaire à la tranquillité publique que les matières » de l'instruction et de la prédication solennelle » soient cvrconscrites par le magistrat: nous en avons » plusieurs exemples dans les capitulaires de Charle» magne !. »

À. Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur Le Concor= dat, page 89.