Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Gette prétention, si elle se traduisait en fait, serait üne véritable usurpation, Tant qu'elle respecte l'État et les lois, l'Église est libre, libre de ses actes comme de ses paroles, et il ne saurait appartenir à aucune autorité temporelle de lui dicter ses choix ni de limiter son enseignement. Comprend-on, d’ailleurs, le pouvoir laïque se constituant juge de questions dogmatiques et arbitre des consciences? Le comprend-on choisissant des prédicateurs officiels et posant à l'inspiration de leur éloquence la limite de son bon plaisir? Un tel système violerait la liberté des cultes et serait aussi odieux qu’inefficace : il créerait un clergé ouvertement courtisan où sourdement hostile : à ce double titre, il ést condamné par ses conséquences.

Telles sont les erreurs de doctrine que l’on remarque avec regret dans le début du rapport de Portalis au Conseil d’État. Émanant d’un tel homme, elles prouvent l'extrême difficulié de ces questions et elles doivent rendre indulgent pour les confasions des autres controversistes qui s’aventurent sur ce terrain périlleux. Plusieurs circonstances particulières expliquent, du reste, la méprise de Portalis : écrivant au lendemain du xvur siècle, à une époque où vivait encore le souvenir des empiétements funestes du clergé, fortement imbu de l'esprit des anciens Parlements, Portalis était, en outre, placé sous l'influence directe d’un homme, grand par ses actes et par ses idées, mais jaloux de son pouvoir et n’admettant à côté de lui aucune autorité indépendante. Dans cette situation, Portalis avait dû se préoccuper principalement de dissiper la crainte