Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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marche des événements politiques. Il est donc nécessaire de réprimer les violences des uns comme les empiétements des autres; il importe que la paix des âmes soit placée sous la sauvegarde de la foi jurée, et que dans l'intérêt commun de l'Église et de l'État, on ne laisse prédominer en Europe ni l’'absolutisme religieux des czars, ni la théocratie de l’ancienne Espagne. Contre ce double fléau, le Concordat de 1801 est une précieuse sauvegarde. Ses auteurs onf eu le mérite de comprendre, au lendemain du xvrir° siècle, que la religion sagement entendue, sincèrement pratiquée, sans ostentation et sans arrière-pensée de domination politique, avec l'esprit d'humilité que préche l'Évangile, est la base fondamentale de toute société, tandis qu'un ultramontanisme ambitieux et intolérant ne peut amener que désordre dans l'État et scandale dans l’Église; ils ont senti que la vraie dignité, la vraie grandeur d’un culte réside, non dans son action passagère el changeante sur les passions terrestres et les tristes évolutions de la politique, mais bien dans son pouvoir souverain, immuable et céleste sur les consciences et Jes âmes; et, par une de ces conciliations heureuses que les partis extrêmes réprouvent seuls, ils ont relevé l'Église, sans compromettre la liberté de conscience et maintenu les principes de l’Église gallicane sans porter atteinte à la légitime autorité de la cour de Rome.