Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 305 vant les vicissitudes des temps etla diversité des caractères, aboutit tantôt au vasselage des rois, tantôt à la sujétion des pontifes, toujours au grand scandale des âmes, et la trêve qui suivait ces combats acharnés ne faisait trop souvent que consacrer le triomphe de la force.

Les concordats ont été conclus après des siècles de dissensions et de guerres. Nés de la lassitude des pouvoirs rivaux et des vœux des nations opprimées, ils ont posé la limite à partir de laquelle les deux autorités si longtemps ennemies reconnaissaient leur indépendance réciproque, ils ont substitué au règne de la violence l'empire d’une loi commune et librement discutée. Leur apparition fut saluée comme un bienfait, et leur rétablissement serait accueilli de même, si jamais le système de P Église libre dans P État libre était mis à l'épreuve par les peuples modernes. Sans doute, on pourrait aujourd’hui relâcher les liens de la réglementation des cultes et laisser plus d'indépendance à lÉglise et à l'État dans leurs rapports réciproques ; mais il serait imprudent de compter uniquement sur le progrès des mœurs publiques et sur l'influence de la civilisation pour prévenir les conflits entre l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel. Les institutions et les mœurs peuvent changer, le cœur de l’homme ne change pas. Or, dans tous les temps, les puissants de la terre s'irriteront des censures d’un pouvoir qui parle au nom du ciel, et, dans tous les temps aussi, le prêtre qui tient en ses mains les consciences sera tenté d’user de ce pouvoir redoutable pour influer directement sur la

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