Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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sévir contre les complices avérés de la chouannerie, il voulait frapper, en même temps, les prêtres qui refusaient de reconnaître le Concordat: « Dans le diocèse » de Lyon, écrivait-ilau Grand-Juge Regnier, il faut » également prendredes renseignements et faire arrêter » dix des principaux. Prenez aussi des mesures pour » faire arrêter les prêtres qui sont portés dans les rap» ports du citoyen Portalis. Je veux bien encore être indulgent et consentir à ce que ces prêtres soient » transportés à Rimini; mais je désire que vous me

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fassiez connaître la peine qu'encourt un prêtre en

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place qui se sépare de la communion de son évêque » et qui abjure un serment prêté. Dieu le punira dans » l’autre monde, mais César doit le punir aussi dans » celui-ci !. »

En parlant de la sorte, Napoléon cédait à cet instinct de domination, et, il faut le dire, de violence. qui devait, plus tard, compromettre ses plus merveilleuses créations et le mener à une catastrophe non moins déplorable pour la France que pour lui-même. Il oubliait que la contrainte ne saurait s’exercer sur les âmes sans amener tôt ou tard une explosion terrible ; il perdait de vue que, dans les affaires ecclésiastiques en particulier, les rigueurs du bras séculier perpétuent la résistance au lieu de la dompter, Ses menaces auraient pu provoquer d’effroyables luttes religieuses, si elles avaient été adressées, dans toute leur rudesse, au clergé. Heureusement, elles passaient par l’intermé-

A. Correspondance de Napoléon Ier, tome IX, page 432. À Regnier, Paris, 7 avril 1804.