Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES . 82 diaire du Ministre des Cultes, qui, sans heurter de front les opinions de l'Empereur, savait discerner habilement ses décisions définitives des paroles échappées au premier feu de ses promptes colères. Conciliant par nature, par habitude et par état, Portalis était un médiateur à souhait entre le Gouvernement et le clergé. Écouté de l’un pour son dévouement, honoré de l’autre pour ses sentiments de solide piété 1, il remplit, jusqu'au terme de sa carrière, avec un tact exquis, ce rôle si délicat, et il eut la joie d’atteindre le but : sous son action douce mais persévérante, les préventions qui divisaient le clergé s’effacèrent insensiblement, pour faire place à des sentiments plus charitables; la paix se rétablit dans les diocèses; Napoléon I“, n’entendant plus les plaintes des prêtres constitutionnels, cessa de prendre, vis-à-vis des évêques, une attitude menaçante, et la bonne entente était complète entre le gouvernement impérial et le clergé, lorsqu’à la fin de 1807, la mort enleva Portalis. Pour arriver à ce résultat, il avait fallu déployer une fermeté rare, une infatigable activité, une patience à loute épreuve; il avait fallu lutter, pendant près de six années, contre les passions les plus ardentes et les vaincre sans les blesser : œuvre aussi importante que diflicile, et qui

À. Lorsqu’en 1804, le Pape Pie VIL vin! sacrer Napoléon à Paris, il avait l'intention de demander à l'Empereur la retraite de son ministre, dont les opinions gallicanes le choquaient vivement ; mais il renonça à ce projet, et il s'en applaudissait plus tard, « aimant, disait-il, M. Portalis, et faisant grand cas d’un homme »* qui accueillait honorablement les évêques. » (Vie du Pape Pie VIT, par M. le chevalier Artaud, tome IT, page 10.)

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