Portalis : sa vie, et ses oeuvres

| SES DERNIÈRES ANNÉES 347 » cours, rien que le discours! est-il prêt ? oui on non?

» — Général, le discours est prêt, répondit Portalis » avec un geste affirmatif.

» — Allons donc! s’écria Napoléon avec un accent » qui décelait toute sa satisfaction ; à la bonne heure ! » Parlez-moi de gens comme vous ; je suis heureux » de me trouver au milieu d’eux.

» Puis, ayant fait quelques pas vers la porte, comme + pour sortir de la salle, il se retourna tout à coup :

» — Ne vous y trompez pas, ajouta-t-il, ainsi secon» dés, nous ferons de grandes choses!. »

Ce n’était pas seulement dans les conseils du Gouvernement et au sein de la société parisienne que laffectueuse estime de Napoléon assurait le crédit de Portalis. Son nom était connu à l'étranger comme en France, et, dans ce temps de guerre continuelle où les talents militaires effaçaient tous les autres, ses pacifiques travaux avaient, néanmoins, au delà de nos frontières, un certain retentissement. Le czar Alexandre [® ayant conçu, en 1806, le projet de refondre la législation civile de son vaste empire, d’après les principes du Code Napoléon, fit demander des conseils à Portalis par son ambassadeur à Paris, M. de Marcoff.

Le prince Louis Bonaparte, qui éprouvait, de longue date, une vive sympathie ponr Portalis, recourut à ses lumières lorsqu'il eut pris possession du trône de Hollande et le consulta sur plusieurs questions de législation eivile et pénale, notamment sur labolition de la

A. Marco de Saint-Hilaire, Nupoléon au Conseil d'État, tome Il, pages 443 à 146.