Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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peine de mort. Le roi de Hollande, dont l’âme douce et le cœur profondément bon étaient accessibles à toutes les idées humanitaires, aurait désiré la suppression de la peine capitale : Portalis combattit ce généreux projet, et, dans une série de lettres datées de janvier, de février et de mars 1807 et demeurées inédites, il dissipa successivement tous les scrupules du roi Louis. Remontant au principe constitutif des sociétés, il montra que l'État, qui protége constamment la fortune et la vie des citoyens et à qui chaque citoyen doit, pour ainsi dire, à tout moment, la prolongation de son existence, peut légitimement retrancher de la société ceux qui la mettent en péril ; il eut soin de prémunir son auguste correspondant contre cette pitié cruelle qui, pour épargner des coupables, compromet l’action de la justice et la sécurité des innocents ; mais il lui conseilla d’atténuer la rigueur de la loi par un large exercice du droit de grâce. Cette opinion, qu’il est permis de ne pas partager, mais qui s’appuie cependant sur de sérieuses considérations, se justifiait mieux que jamais, quand Portalis Pexprimait, c’est-à-dire dans un temps où les lumières étaient peu répandues, et au sortir d’une crise qui avait développé tous les instincts sanguinaires de l’homme. Le roi Louis le comprit, et, pour remercier Portalis de ses sages conseils, il lui envoya le grandcordon de l’ordre du Lion néerlandais, en l’'accompagnant d’une lettre autographe où il donnait le titre d'ami à l’éloquent ministre qui venait de l’éclairer sur une des questions les plus graves du droit pénal.

Au milieu de ces travaux si nombreux et si variés,