Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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absorbé dans la contemplation des vérités éternelles qui sont la loi de l'humanité, suivant, de cette hauteur, sans autre passion que celle du bien, le cours des événements et s'avançant avec calme vers le terme d’une vie qui semble devenir plus belle à mesure qu'elle se prolonge. Puissent de tels exemples être compris et suivis! Puissent les générations actuelles, en étudiant à fond la situation intérieure de certains peuples jeunes qu’on nous propose imprudemment pour modèles, se convaincre que la richesse et l’audace ne sont pas tout icibas, que la puissance matérielle vaut bien peu là où elle n’est pas unie à ce qu’on peut appeler la richesse morale, et que jamais il n'y aura de véritable grandeur pour les nations qui substituent à la culture intellectuelle l’éducation mercantile ! Portalis le savait et il aimait les lettres; mais, en admirant sous tous ses aspects la puissance créatrice de l'esprit humain, il se tenait en garde contre les formes séduisantes du sophisme; il proscrivait les grandes images, si elles n’exprimaient pas une pensée virile; ce qu'il cherchait avant tout, c'était l’idée morale dans ses applications à l’ordre social. Ce fut sa préoccupation constante, depuis le moment où, jeune homme, il réfutait l’Émile, jusqu’au jour où, Ministre des Cultes, il signalait, devant l’Académie, les dangers du matérialisme. Grâce à la lumière de son bon sens et de sa conscience, il a vu plus haut et plus loin que la plupart des hommes d’État : il a proclamé, l’un des premiers, que l’idée est souveraine, et que la force morale, re-