Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 78 eutif. Portalis relève cet argument, où il voit toute la pensée de la loi : il montre, avec l'autorité de la logique et de l’histoire, queles crimes spéciaux, comme les juridictions spéciales, n’ont jamais été inventés que par des passions injustes, et qu'appréhender l’indulgence des tribunaux, c’est condamner la république qui emploie de tels juges ou la politique qui inspire de telles craintes ; il prouve, par l'exemple récent de la Convention, que les gouvernements ne se défient de la justice que lorsqu'ils suivent la voie de l’absolutisme et de l’iniquité ; il constate enfin que jamais de semblables mesures n’ont produit l'effet qu’en attendaient leurs auteurs.

« Pour le bonheur des hommes, s’écrie-t-il, on n’ar» rachera jamais du cœur humain tout sentiment de » commisération et de justice.

» Il n’y a point de puissance absolue dans ce monde, » il n’y en aura jamais. Le pouvoir en apparence le » plus illimité rencontre, à chaque pas, des obstacles » imperceptibles qui l’arrêtent. On peut le comparer » à une mer orageuse qui vient se briser sur le rivage » contre des grains de sable,

» Le salut public est compromis par l'impunité des » crimes, et non par la modération et la justice » des Lois; or, c'est précisément quand des lois pé» nales menacent les innocents comme les coupables, que l’on se voit obligé de leur préférer l’impunité !. »

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1. Moniteur de l'an IV, tome II, page 1380. Séance du 9 ruciidos ,