Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Portalis poursuit; il quitte le terrain du droit commun pour se placer sur celui de,la liberté des cultes; il affirme que, le culte ne pouvant subsister sans ministres, proscrire les prêtres, c’est proscrire le culte lui-même, au mépris de tous les principes. de la Révolution, et persécuter une religion, que l'on avait, avec tant d’amertume , accusée: d’être persécutrice. Et quelle religion ? Celle de l’Europe entière, celle qui est le lien commun de tous les peuples civilisés.

« Sila boussole ouvrit l’univers, dit-il, le christia» nisme- le rendit sociable... Nous compromettons la » liberté, en ayant l’air de séparer la France-catholi» que d'avec la France libre 1... »

À ceux qui, pour justifier la proscription du culte catholique, l’accusaient d’être l'auxiliaire né du despotisme, Portalis cite l'exemple des pays les plus libres des deux mondes, où le catholicisme est pratiqué sans entraves. Il démontre que, si la doctrine catholique suppose Ja concentration de-tous les pouvoirs spirituels dans les mains d’un chef suprême, cette constitution de l'Église ne. touche en rien aux droits imprescriptibles de l’État ; il affirme avec insistance que les prétres ne sauraient contester la souveraineté nationale, sans se mettre en, opposition avec les principes du christianisme qui prêche l’obéissance..et. la fidélité à César, et sans offenser. Dieu qui a créé les nations, comme les hommes, dans la glorieuse plénitude dé leur indépendance. Il rappelle cette prophétie de Rousseau:

1. Moniteur de l'an IV, tome [, page 1383. Séance du 9.fructidor, 6