Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)
280 POUSSIÈRE DU PASSÉ Ce récit serait incomplet si je n’ajoutais qu’au moment où, à Paris, le colonel Tchernichef excitait à la trahison quelques employés obscurs et misérables, à Saint-Pétersbourg, notre ambassadeur, le général de Lauriston, usait des mêmes procédés, dans un but analogue, et payaït à prix d’or tous les renseignements qu’il pouvait obtenirsur le placement etles forces de l’armée russe. Il parvint ainsi à se procurer et à expédier en France les cuivres gravés qui avaient servi à dresser la carte géographique de l'empire moscovite. Ils servirent à dresser celle qui fut remise à nos généraux à leur entrée en campagne. Ce sont là coutumes en usage entre nations qui guerroient l’une contre l’autre ou vont guerroyer et, dès ce moment, la rupture entre la Russie et la France était devenue inévitable. « Laconduitede Tchernichef en ces circonstances n’ajouta rien à l’estime que ses camarades pouvaient professer pour lui. Elle lui valut au moins ouvertement plus de blâmes que d’éloges. Mais elle ne lui nuisit pas. Sous le règne de Nicolas 1°, il devint ministre de la guerre. Cétait d’ailleurs un personnage assez excentrique,
sur lequel on raconte encore en Russie de plai-