Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LA STATUE DE DANTON 51

Parmi les victimes, il n’y avait ni espions ni traîtres. Iln’y avait que des innocents,et Danton ne l’ignorait pas. Mais, comme il le dit ensuite, il voulait faire couler une rivière de sang et il en creusa le lit. S'il n’organisa rien, ce qu’on na pu établir, il ne voulut rien empêcher et encouragea tout.

On n'invoquera, je pense, ni son désintéressement ni son austérité. Comme Mirabeau, auquel il ressemblait par son visage d’une laideur « tour à tour attirante et terrible, brouillé de petite vérole, sillonné, ravagé, bouleversé », lancien avocat aux conseils du Roiï, qui en 1792 n'avait que trente-trois ans, fut, au plus haut degré, un prodigue de vices. Son désintéressement: « Le fait que Danton ne fut pas sans toucher l’or de la Cour, dit Louis Blanc, ce triste fait si longtemps soupçonné, et dans les Mémoires de Lafayette, affirmé d’une manière si décisive, Mirabeau se trouvait lavoir consigné déjà dans une lettre qui lève, hélas! tous les doutes. » Et, en effet, dans cette lettre destinée à rester secrète et datée du ro mars 1791, Mirabeau écrit: « Danton a reçu hier trente millelivres. » Quant

à Lafayette, il est plus affirmatif encore. Voici