Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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d'arrêter le bras du bourreau et, sous prétexte qu'ilne devaits’occuper que de choses militaires, il s’associa à toutes les autres, sans y regarder, disent ses défenseurs, toujours prêt à signer les yeux fermés. Tout cela n’est pas contestable. Mais Larevellière-Lépeaux fut-il toujours différent ?

Ce serait, cependant, être injuste envers sa mémoire que de ne pas reconnaître l’effort qu’il fit pour sauver les Girondins. Il ÿ courut risque de mort et, pour avoir tenté d’arracher ces malheureux à la guillotine, il manqua d'y monter lui-même. C’est qu'aussi les Girondins étaient des hommes de même trempe que lui. Eux aussi s’étaientassociés aux premiers crimes révolution naires. Sila postérité ne s’acharne pas à le leur reprocher, c’est que, par leur supplice, ils expièrent leur erreur et la tentative qu’ils avaient faite pour arrêter la France sur la voie sanglante qu'ils contribuèrent à ouvrir. Etde même, etbien que Larevellière-Lépeaux n’en soit pas mort, on ne peut se défendre de lui accorder dans une certaine mesure le bénéfice des circonstances atténuantes, en raison même de ce repentir d’un

jour qui faillit lui coûter la vie.