Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 227
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rai ceux d'aucune faction. Je ne crois pas qu’on ait le droit de dégrader la bonté et les vertus paisibles, lors même qu’elles se rencontrent dans un caractère, privé de toute fermeté.
La vérité veut qu’on rapporte à l'assemblée législative les principes de la jurisprudence révolutionnaire qui, pendant tant d'années, nous a opprimés, que nous avons vu s'élever au-dessus de plusieurs constitutions, et leur survivre. Ilimporte de iracer avec précision et avec rapidité, l’origine et les
remiers prétextes de ces lois ennemies de la propriété, et fléaux de la liberté civile.
Enfin, le sujet le plus vaste et le plus important vient s’offrir comme en épisode dans cette histoire ; je veux parler de la guerre; son origine appartient encore à cette époque.
Des objets si graves, que l’ordre des faits ne permet pas de traiter séparément , offrent des tableaux variés et contrastans dont il est difficile de composer un seul tableau. Pour éviter des digressions continuelles, je vais décrire la situation politique de la France à l’époque où l’assemblée constituante abdiqua le droit de conduire la révolution qu’elle avait commencée. La constitution qu’elle avait créée avec tant de fatigues et d’une manière si peu digne d’elle, eut le sort qu’éprouvèrent souvent les testamens des rois absolns de leur vivant, impunément bravés après leur mort. L'assemblée constituante avait senti, mais trop tard et d’une manière trop imparfaite, les défectuosités de son ouvrage. La liberté n’y était pas assurée, puis-
ue l'autorité y était mal assise. Elle avait dépouillé le trône de toute splendeur, de toute dignité, de tout ce qui agit sur l'imagination des peuples. Le roi, qu’elle venait d’y replacer, sortait d’une captivité honteuse. Toutes les parties de l’autorité publique étaient désunies, indépendantes par le fait, et pouvaient rompre, à volonté, les liens imaginaires qui les subordonnaient l’une à l’autre. Elle avait détaché du pouvoir exécutif je ne sais quel pouvoir d’administration, qu’elle pla-çait, ou plutôt qu’elle laissait s’égarer dans un grand nômbre de départemens. dans'une foule de districts, dans des milliers de municipalités. Elle mettait par-tout des rivalités, nulle part des arbitres. Elle n’avait rendu à la propriété, cette première sauve-garde des gouvernemens représentatifs, qu’un hommage timide et illusoire. Elle n’avait pas su trouver une digue pour contenir ses ardens successeurs ; elle n’opposait à leurs passions que la constitution même, c’est-à-dire, quelques pages Insignifiantes, vainement consacrées par les sermens d’un peuple irréligieux et frivole. Elle avait mal-adroitement mélangé les divers élémens des gouvernemens mixtes, en prodiguant, à l'excès, les formes démocratiques. Tout était souveraineté,