Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 243
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LIVRE PREMIER.
Lx premier acte de l’assemblée législative , fut un serment de fidélité, prété par chacun de ses membres, à la constitution qu’elle détruisit. On n’avaitalors, nile génie, ni le goût descérémonies. À défaut d'appareil, on prodigua l'enthousiasme, et les magnifiques épithètes, et les protestations commandées. On imagina de faire venir la constitution, pour préter sur elle les serment. L'archiviste { Camus}, qui ne voulut pas se dessaisir de ce dépôt, vint l’apporter avec un recueillement religieux. Les constitutionnels eurent la bonne foi de croire que cette journée leur valait une grande victoire sur les républicains : Condorcet et Brissot souriaient.
Dès le lendemain, on put mieux connaître le véritable esprit de l’assemblée législative. Le roi annonca l'intention de s’y rendre, pour y prêter le même serment. À peine la lettre fut lue, qu'on entendit s'élever des voix formées dans le tumulte des clubs: c'était Couthon, c'était Chabot qui se faisaient connaître. N’allons pas, disait l’un, renouvelerlescandalede la dernière scéance de l’assemblée constituante, où l’on vitleprésident, Thouret, parler, presque à genoux au roi. Il est temps, disait l’autre, de proscrire ces dénominations créées par le despotisme : Sire, votre majesté. On discuta sur le fauteuil du roi; l'on ne pouvait le trouver assez abaissé. L'assemblée céda, avec entraînement, à de telles représentations, elle crut avoir signalé sa fierté; le lendemain, elle éprouva de la honte ou du repentir. Cette provocation de guerre avec le pouvoir exécutif, faite sans aucun prétexte, et pour le plus misérable sujet, excita des murmures universels, et parut précipitée à ceux mêmes qui voulaient aller plus loin. Le cérémonial fut laissé tel qu’il était auparavant.
La première faute de l’assemblée [et sans doute, on la lui Gt commettre avec intention), fut de ne s'imposer aucun ordre de délibération, aucun but de travail; elle conserva, dans sa discipline intérieure, tous les désordres auxquels l’assemblée constitutuante s’était familiarisée , avec une honteuse faiblesse. Elle crut voir une seconde représentation du peuple , dans des tribunes composées d'hommes et de femmes, que l'esprit de sédition, ou qu’un salaire assuré y faisait séjourner. Les deux partis, qui devaient se combattre dans sonsein, se partagèrent les deux côtés de la salle, et mirent une espèce de honte et de scrupule, à franchir la barrière qu'ils s'étaient imposée. Les objets de législation étaient écartés avec soin, ou traités avec indifférence. Les ministres avaient le droit de se présen-