Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 247
208 ASSEMBLEE
plus rigoureuses. Par le premier, on prescrivait à StanislasXavier, prince français, de rentrer en France, dans le délai de deux mois; faute de quoi il serait censé avoir abdiqué son droit éventuel à la régence; par le second, l’assemblée législative déclarait, dès ce moment, suspects de conjuration contre la patrie, les Francais rassemblés au-delà du royaume, déclarait coupables ceux qui seraient encore en état de rassemblement le premier janvier prochain, et ordonnaïit qu'ils fussent punis de mort.
Les républicains avaient porté les alarmes de l'assemblée sur une autre espèce d’ennemis, qu'ils peignaient comme plus dangereux encore que les émigrés; les prêtres qui avaient refusé le serment. Une foule de pétitions, plusieurs rapports des autorités administratives, représentaient les campagnes livrées à leur influence. Déjà ceux des prêtres qui s’étaient soumis aux lois de l’état, avaient à redouter les fureurs vindicatives de ceux qu’on nommait réfractaires. On rapportait que dans différentes communes, ils avaient été poursuivis, assassinés. Les prêtres perturbateurs mettaient d’ailleurs dans leurs manœuvres, une adresse si ténébreuse, que les tribunaux n’avaient ni les moyens de les convaincre, ni la volonté de les poursuivre. Voilà ce que disaient les pétitions et les rapports, dont on entretenait l'assemblée. Les orateurs du parti républicain se déclarèrent contre ces prêtres. Condorcet, qui s’était annoncé comme le zélateur de la liberté des cultes, crut devoir sacrifier les maximes de la philosophie, soit aux dangers de l’état, soit aux intérêts de son parti. La discussion devint bientôt plus orageuse que celle même qui avait concerné les émigrés. Une question politique produisit effet d’une querelle religieuse. Geux qui osaient rappeler les principes de la philosophie, étaient traités de fanatiques. Ceux qui parlaient de persécutions, s’appelaient philosophes. On demandait qu'on retranchât aux prêtres qui s’obstineraient à refuser encore le serment , la pension que l’assemblée constituante leur avait accordée à titre d'anciens titulaires, qu'ils fussent placés sous la surveillance des départemens, et déportés , lorsqu'ils auraient excité quelque part des troubles religieux. « Qu’allez» vous faire ? disaient les opposans ; quoi! vous consacrez la » liberté des cultes. Plus sainte encore que la constitution , la » déclaration des droits del’hommela solennellement promul» guée, et vous fomentez un schisme imprudemment créé par » lassemblée constituante! Vousy faites intervenir l'autorité, » afin qu’elle persécute. Cette première assemblée vous a laissé » de grands exemples à suivre, des lois et des maximes à res» pecter, et quelques erreurs à réparer. Corrigez celle-ci, » c'est la plus funeste de toutes. Dégagez le serment imposé