Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 255
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Le parti républicain avait suffisamment essayé son pouvoir sur l'assemblée , ilmarcha d’un pas plus accéléré vers son but; il appela la guerre. Rien ne paraissait plus facile, que de familiariser avec elle des imaginations ardentes. Un seul homme arrêta long-temps leurs projets, il chercha à détourner de la France et de l'Europe, la plaie profonde qu’elles allaient recevoir. Qui le croirait! cet intercesseur qui parlait au nom de l'humanité, c'était Robespierre. Il choisissait toujoursses ennemis, parmi ceux qui étaient les plus près de la popularité; l’ardeur de combattre des rivaux qui allaient entièrement lé clipser, le porta à s'opposer à un fléau qui semblait pourtant favoriser les espérances de son parti, et son ambition particulière. C'était au club des jacobins, que s’agitait, entre Robespierre et Brissot, la destinée de l'Europe. La victoire resta long -temps indécise entre eux. Le parti de la Gironde put pressentir, dans cette discussion, l’ingratitude dont les jacobins devaient un jour payer ses services. Robespierre employa, contre lui, l'arme qu'il maniait avec le plus d'art, les soupçons et les calomnies. « Craïgnez, disait-il aux jacobins, vous, les » adversaires constans de la plus perfide des cours, d’être au» jourd’hui les instrumens de ses desseins. Brissot propose la » guerre, je lui demande où sont nos armées, où sont leurs » approvisionnemens , quels chefs doivent les diriger. Quoi! » sous les yeux d’un peuple entier, plein d'enthousiasme et de » surveillance pour sa liberté, la cour a pu, impunément, » ourdir mille trahisons , et nous croyons qu’elle s’en abstien» dra dans le moment où elle senle conduira nos armées, où , elle les conduira contre qui? Contre ceux qui parlent de la » vengay, contre ses parens, ses amis, ses complices. Non» seulement je prévois des perfidies dans ceux qui dirigeront » la guerre; mais j'en vois dans ceux-mêmes qui nous la pro» posent. On veut humilier la révolution française, par des » revers, qui, déjà, ont été combinés dans les cabinets, et de » Vienne etde Paris. On juge bien que les efforts des émigrés » sont désormais impuissans; pour faire tomber sur la France » tout le poids de l'Europe, on veut que nous-mêmes nous » rendions de l'audace aux rois indécis et troublés. Oui, je ne » crains pas de le dire, le sang de nos seldgts est vendu d’a» vance. On poussera les patriotes au dehors pour leur y faire » trouver une mort certaine. Plus je médite sur cette chance » funeste, plus mon ame se remplit d’affreux pressentimens- Je » vois ceux qui, par de lâches assassinats, ont fait couler le » sang de nos frères au Champ-de-Mars, je les vois s'empa» rer du commandement. Quelle garantie m'offre-t-on contre » mes préssantes alarmes? Le patriotisme de MM. Brissot et ; Condorcet. Je ne sais s’il fut éclatant, je ne sais s'il est sin-