Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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trop de confiance ; d’autres songèrent à fuir. Toulon leur offrait un funeste asile.
Les jacobinsavaientlong-tempsopprimé Toulon:ilsavaient, par des massacres, dévancé ceux du 2 septembre. Avertis par l'exemple des Lyonnais, les habitans de Toulon se réunirent pour se délivrer de cette tyrannie domestique. Ils réussiréent dans leur entreprise. Ils se déclarèrent pour les girondins. Bientôt les Marseillais vinrent leur apprendre la défaite qu'ils avaient subie sous leurs murs. On entendit de tous les côtés les cris du désespoir. « L'armée de Gartaux approche, qu’a» vons-nous à lui opposer ? des forts qui ne seront point dé» fendus; un peuple inquiet et timide, que presseront bientôt » la crainte de la disette, et des jacobins qui nous menacent. »
Deux flottes ennemies, l’une espagnole et l’autre anglaise,
tenaient alors la Méditerranée , et croisaient à la hauteur de Marseille et de Toulon. Témoins du vaste incendie qui se répaudait dans le Midi de la France, les Anglais calculaient ce qu’il pourrait leur apporter de dépouilles. Peut-être leurs secrets émissaires avaient-ils secondé les efforts que dans plusieurs villes, et dans Toulon particulièrement, on avait tentés pour se soustraire aux lois de la montagne. Marseille, un peu auparavant son désastre , ‘avait reçu un parlementaire anglais qui, de la part de l'amiral Hood, lui promettait secours, à la condition de reconnaître Louis XVII et la constitution de 1791. Les Marseillais, fidèles à leurs principes, refusèrent, et aimèrent mieux supporter la ruine de leur cité que de lalivrer. aux Anglais. Qu'un tel fait confondait bien l’imputation de fédéralisme! . Un même message arriva aux Toulonnais pendant qu'ils étaient livrés au trouble et à l’épouvante que je viens de décrire. L'Amiral Hood offrait à ces hommes désespérés le secours de deux escadres puissantes, la garantie de deux couronnes. Il voilait la rigueur des conditions imposées , en parlant de la constitution de r791, qui avait autrefois rallié tous les amis de la liberté. Il promettait qu’à la paix générale PAngleterre rendrait au roi de France Toulon, ses vaisseaux, ses magasins.
Les habitans de cette ville, entraînés par l’impérieux et aveugle instimct de la conservation, livrèrent aux Anglais, parés du nom de libérateurs, cette belle rade qui avait si longtemps assuré à la France ou l'empire ou le partage de la Méditerranée. Ce fut le 27 août que l’amiral Hood prit possession de Toulon au nom de Louis XVII.
Bordeaux, de qui on attendait des efforts longs et courageux pour venger les girondins, Bordeaux ne put pas même combattre, Vainement ses administrateurs et tous ses principaux