Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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artis extrêmes. Les girondins rompirent en deux fractions le parti modéré, et par-R ils le détruisirent. Ils commirent de grandes erreurs politiques , et ne voulurent jamais en confesser une seule , ce qui les empêcha de les réparer avec succès. Ils avancèrent dans la révolution en ménageant leurs ennemis, et en accablant ceux qui devaient devenir leurs alliés. Ils étaient présomptueux dans leurs espérances , et tortueux dans leurs moyens. Leur amour de la république tenait beaucoup de cet enthousiasme qu’opérèrentsur le jeune âge les grands tableaux d’Athènes, de Sparte et de Rome. Quand letrône fut abattu, ils dirent:Voilà la république, Eh! que signifiait l'absence d’an roi, quand il ÿ avait absence et de lois et de mœurs ? Ils soutinrent leur dernier combat contre les destructeurs de la société et des hommes ; ils le soutinrent long-temps avec des armes inégales , et ils y pévirent. La plupart d’entre eux étaient recommandables par des vertus privées. On ne peut leur refuser du désintéressement relativement à leur fortune.
Quels meilleurs garans à citer de la tendresse qu'ils portaient dans leurs affections domestiques , que les dévouemens de leurs femmes, de leurs sœurs, de leurs fils ? En général, ils furent les uns pour les autres des amis constans et éprouvés ; mais leurs vertus privées et leurs talens ne firent pas le bien de leur patrie. Je répète encore ici que les torts politiques qu'on peut reprocher au parti des girondins ne peuvent s'appliquer à plusieurs députés qui ne les suivirent que dans la seconde et la plus belle époque de leur carrière.
Robespierre , qui, dans son ame, avait déjà juré la mort de tous ses concurrens à la iyrannie, prononcça ces paroles à la tribune des jacobins : Z/ faut que Philippe d'Ordéans meure. On fit venir celui-ci de Marseille, où il était gardé depuis la défection de Dumouriez. Il arriva à Paris deux jours après la mort des vingt-deux députés. Le tri= bunal révolutionnaire entendit avec dédain sa justification, qui ne pouvait consister que dans le récit de ses forfaits. Cet homme , à qui on ne connaissait aucune espèce de courage, et que la honte devait accabler au défaut du remords, reçut sa condamnation avec un sourire. Il demanda, pour son unique grâce (certes c’en était une pour un être chargé de si horribles souvenirs), qu’on ne remît pas, comme c'était l'usage, sa mort au lendemain. La foule se pressa sur son passage. Celui qui avait défié sa conscience brava les outrages de la multitude, dont il avait été long-temps la méprisable idole. L'impudence, car je ne puis dire la sérénité de ses derniers momens, fit le