Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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ler. On peint d’un seul trait un tel fléau en disant qu’à la fin de 1794, on calculait que cette guerre civile avait coûté la vie à un plus grand nombre de Français que n’en avait fait périr la guerre de toutes les puissances de l'Europe contre la France.
Je passe maintenant aux troubles du Midi. Mêmes tableaux, rivalité d'horreurs : déjà Lyon, rentré sous la puissance de la convention, était livrée aux fureurs d’un monstre voué à la destruction des humains. Le Rhône roulait des milliers de cadavres comme la Loire. Je vais donner un tableau rapide de ces malheurs. Le récit d’un siége si remarquable ne peut se faire avec tous les détails qu’il exige, tout l'intérêt qu'il appelle, que dans une histoire consacrée à ce seul événement,
Lyon, depuis la révolution, avait vu quelques scènes sanglantes ; mais la sagesse de ses principaux citoyens avait promptement caimé les troubles. Les travaux de ses riches manufactures s'étaient ralentis. Les ouvriers avaient été soutenus d’une manière paternelle, et avec de constans sa crifices , par ceux qui les employaient. Une telle bienfaisance avait produit de bons effets. Lyon n'avait presque plus rien à redouter d’une classe d'hommes qui, dans la capitale surtout, répondait toujours à qui voulait l’agiter.
La révolution du 10 août avait déplu à la plupart des Lyonnais; mais ils s'étaient tus, ils se rallièrent au parti le plus sage de la convention nationale. Les jacobins s’en alarmèrent. Ils envoyèrent à Lyon une colonie de barbares aventuriers qui formèrent un ejub. Challier était leur chef. Ilse faisait surnommer le Marat de Lyon : il méritait ce titre. On se rappelle qu'aucune ville n'avait obéi à l'atroce circulaire de la commune de Paris après le 2 septembre. Challier était parti de Paris en recevant l’ordre, et en faisant la promesse de souiller la seconde ville de France par les mêmes massacres. Afin de donner un prétexte à l’exécution de ce projet féroce, il parlait sans cesse d’une conspiration formée par les principaux négocians pour livrer Lyon au roi de Sardaigne. Le peuple de Paris, ajoutait-il, nous a montré comme on punit les conspirateurs et les traîtres. Puis, un poignard à la main, il parcourt la salle, il demande à six cents individus le secret du plus horrible complot. Il le dévoile; plusieurs elubistes s'offrent à remplacer le bourreau, s’il est épouvanté ou fatigué de tant de meurtres.
La pitié ou le remords parla au cœur de quelques jacobins. Des négocians reçurent l'avis du sort qui les attendait. Le maire en fut informé. On vit ce que peut un magistrat pénétré d'horreur pour le crime. Par ses ordres, à mipuit, la générale est battue : au point du jour, les assassins #rouvent sous les armes ious ceux qu'ils allaient égorger.
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