Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. tIg

hauteurs de Sainte-Foi, celles de la Croix-Rousse, et cependant leur armée active, même dans les commencemens du siége, ne s'élevait pas à plus de dix mille hommes.

Le premier combat s’engagea sous les mêmes auspices, c’est-à-dire avec la même perfidie que le combat du 29 mai. Un détachement de Lyonnais s'était avancé au-devant de Varmée assiégeante, en portant à la main des branches d’olivier. On leur fit des démonstrations amicales. Attirés dans les rangs ennemis, ils y furent fusillés, Une action meurtrière eut lieu sur le plateau de la Croix-Rousse; les Lyonnais y furent vainqueurs. La fortune fut encore, dans de nouvelles affaires, favorable à leur courage, Mais les forces de l’armée assiégeante s’accroissaient tous les jours, Ils ne purent lempê= cher de s'approcher d'assez près pour bombarder la ville.

Après avoir combattu tout le jour, la nuit les Lyonnais attendaient le cruel effet des bombes. Le quartier de SaintClair fut le premier exposé à l'incendie. Tout veillait, tout s’unissait pour en arrêter les progrès effrayans. Mais un cri d’horreur et de consternation se répandit quand on vit l’arsenal embrasé. Plus de cent maisons voisines furent consumées. Des magasins de munitions et de fourrages devinrent la proie des flammes. Ce désastre était évidemment, non l'effet des bombes, mais le crime de quelques lâches incendiaires # une population aussi considérable que celle de Lyon ne pouvait être entièrement affranchie d'hommes voués au parti de la montagne, les Lyonnais auraient vainement entrepris de les enchaîner tous. Pendant le bombardement, les traîtres donnèrent aux assiégeans des signaux pour indiquer les lieux où il leur importait de diriger les bombes. Je frémis du nouveau genre de crime que j'ai à rapporter. Un homme, qui s'appelait représentant du peuple francais, fit pleuvoir des bombes sur PHôtel-Dieu, celui peut-être des hôpitaux de France où les secours donnés à l'humanité souffrante étaient distribués avec: le plus d'ordre et d'intelligence, Les malheureux étaient entrés en foule dans cet asile. On y traitait avec les mêmes soins les blessés de la ville et ceux des assiégeans qu’on avait faits pri sonniers. Touchante et sublime lecon, que donnaient les Lyonnais aux commissaires de la convention, quine manquaien® jamais de faire fusiller les rebelles tombés en leur pouvoir. Les Lyonnais, quoiqu'’ils eussent tant de fois éprouvé la férocité de leur ennemi, ne purent croire qu'il eût prémédité l'incendie d’un hôpital. Ils éleyèrent un drapeau noir sur VHôtel-Dieu ; c'était comme s'ils eussent dit : Le hasard vous rend coupables d’un crime qui ne peut être dans votre pensée: n’achevez pas; dirigez ailleurs vos bombes , la mort entre ‘sans vous dans çe lieu que le malheur rend sacré. Mais les