Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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armée de douze ou quinze mille hommes qu’il contenait pouvait inquiéter les ennemis sur l'une et V'autre rive de la Sambre ; mais elle était mal approvisionnée. Le prince de Cobourg fit avec. soixante-dix mille hommes le blocus de ce camp, qu'il désespérait d’emporter de vive force. Déjà les assiégés étaient réduits aux plus affreuses extrémités. Jourdan se présente avec une armée bien inférieure en nombre à celle des Autrichiens , et sur-tout bien inférieure en discipline. Il y en avait une partie qui n’avait point vu le combat , mais l’autre sortait de celui de Hondschoot. Une excellente artillerie était la principale ressource du général Jourdan. Carnot était avec lui. Il attaque sur tous les points. Pendant deux jours il ne peut emporter aucun poste; mais il parvient à inquiéter le prince de Cobourg sur des positions que celui-ci avait jugées inexpugnables. Une bataille plus sanglante, plus décisive, s'engage à Vatignies. Après plusieurs heures de succès balancés, les Hollandais , qui forment l'aile gauche des ennemis, plient en désordre. Toute l’armée autrichienne courait le plus grand danger , si la garnison de Maubeuge eût agi. Le prince de Cobourg repasse la Sambre ; il fait sa retraite en bon ordre , et n’est que faiblement poursuivi. La délivrante de Maubeuge est le fruit unique mais important de cette victoire, qui annonce que les Français porteront désormais dans les combats une opiniâtreté plus redoutable encore que la première furie de leur attaque.
Ainsi les armées de la ligue finissaient sans honneur, dans la Flandre, une campagne commencée sous de si brillans auspices. Elles se bornèrent, pendant plusieurs mois, à ‘élever dans la forêt de Mormal de vastes retranchemens qui couvraient leurs dernières conquêtes : ces travaux furent construits avec beaucoup d’art; un art supérieur les rendit inutiles. Les troupes républicaines, au milieu de leurs nouveaux succès, eurent encore à gémir d'un échec déplorable. Les garnisons de Cambray et de Louvain, qui, réunies , formaient plus de cinq mille hommes, reçurent d'un commissaire de la convention l’ordre de faire une sortie , dans le but de couper quelques corps ennemis. Un chef imprudent dirigea leur marche. Elles s’avançaient en désordre dans une vallée profonde. Les Autrichiens firent une manœuvre par laquelle ils tournaient les Français de toutes parts ; il ne pouvait pas même y avoir de combat. Les Autrichiens massacrèrent ceux qui leur rendaient les armes. Leur fureur était excitée par la nouvelle de la mort de la reine. Point de quartier ! s’écriaient-ils en montrant le crêpe dont leur bras était enveloppé.