Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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» nier tout ce qui est à sa charge , aura-t-elle la bonne foi de » convenir qu’elle a bercé le petit Capet de l'espoir de succé» der au trône de son père, et qu’elle a ainsi Provoqué le » retour à la royauté ?—Je causais dans ma prison familière » ment avec cet enfant, qui m'était cher à plus d’un titre ,et » je lui administrais sans conséquence les consolations qui » pouvaient le dédommager de la perte de ceux quilui avaient » donné le jour. »

On n’égorgeait plus des êtres si distingués sans ageraver leur tourment par une multitude de compagnons et de compagnes de leur malheur. La veuve du ministre Montmorin, dont nous avons vu la mort tragique, fut frappée à côté de Mme ŒElisabeth, fut frappée à côté de son fils. Une autre famille expira sur le même échafaud; c'était celle des LoménieBrienne. Le cardinal de Loménie avait prévenu ce sort en prenant un poison sûr Un peu avant qu’on vint l'arrêter. Son frère, ancien ministre de la guerre, ne Jui eût peut-être pas survécu long-temps, tant une amitié intime les Unissait. Le fer des bourreaux fut la récompense des bienfaits dont il avait été prodigue envers tout genre de mérite ou d’infortune,

On eût dit que, frappés d’un délire fatal à eux-mêmes, les tyrans offraient au peuple tout ce qui pouvait larracher à la stupeur. Le peuple vit, et ne s’élanca point sur la fatale char rette, quatorze jeunes filles de Verdun qu’on menait à la mort Pour avoir assisté à un bal donné par les Prussiens.

Diétrich, ancien maire de Strasbourg, un des amis les plus ardens d’une liberté sage, écrivit à son fils avant de périr : Ne cherchez de votre vie à tirer aucune vengeance de ceux qui mont si injustement persécuté.

Custine le fils fut condamné pour avoir aimé son pères Alexandre Beauharnais pour avoir remporté une.victoire. L'un et l’autre écrivirent à leurs femmes des lettres d'adieu qui offrent le plus touchant mélange de courage et de tendresse.

Une foule de militaires fut sacrifiée ; parmi eux , le maré= chal Luckner, que les jacobins avaient long-temps présenté comme devant être le sauveur de la pairie ; le général Biron, que l’amitié unit trop long-temps avec d'Orléans, et qui méritait, par les qualités de son cœur, d’être l'ami des gens de bien; le général Lamartilière , qui avait longtemps couvert la frontière du nord par une guerre de postes, dans laquelle il avait toujours vaincu; Beisser, le sauveur de Nantes: l’effroi des Vendéens; Chancelle, qui avait inspiré le respect à nos ennemis par la défense de Condé.

Ces hommes , habitués à braver la mort, ne la recurent pas avec plus de courage que tant d’êtres faibles qu’on moisson-