Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
NATIONALE. 177
Une acclamation universelle de l'assemblée suivit cette apostrophe. Billaud, que Tallien avait provoqué avec beau= coup d’adresse , se leva; et, sans parler de tous les forfaits de Robespierre, dont il était le complice, il lui en resta encore assez à prouver pour augmenter l’effroi de l’assemblée, Sur-tout il accrut pour chacun le sentiment des dangers personnels , en anndnçant l’arrivée prochaine de Henriot, qui se disposait à venir frapper au sein de la convention tous ceux que les jacobirs avaient proscrits dans la nuit. Robespierre depuis longtemps voulait parler; mais toujours les cris à bas le tyran! à bas le tyran? couvraient sa voix.
Tallien reprit encore la parole. Tout annonce, dit-il, que læ convention va, d'un sentiment unanime, Prononcersa délivrance ; mais st elle trahissait mon attente et celle de tous Les Français, le tyrannejoutrait pas de sontriomphe: je me suis arme d'un poignard pour lui percer le sein, st la convention n'a pas le courage de le décréter à l'instant d'accusation. I] tire ce poignard, et ce transport de fureur devient celui de toute l’assemblée. Sur sa demande, elle décrète que la séance est permanente, que Henriot sera arrêté avec tout son état-major. Occupons-nous de Robespierre, ce fut bientôt le cri général, Tout était perdu, si ses ennemis sortaient un moment du rôle de conjurés, ils se fussent divisés tous en spécifiant ses crimes, Le droit barbare qu’il avait créé était la seule loi qui pût lui être appliquée. On remarquait quelques députés qui se lais= saient entraîner à regret à punir le plus grand des coupables, et d’autres qui pensaient que le plus grand des coupables de vait encore être entendu. Ce fut à force de tumulte qu’on empêcha les unset les autres de se reconnaître, etsur-tout qu'on prévint cette question à Jamais fatale, si elle eût été faite + Que ferons-nous après la mort de Robespierre? Un député nommé Lebas s’épuisait en efforts pour le défendre. On l’éloignait violemment de la tribune chaque fois qu'il voulait ÿ monter. Robespierre poussait des cris de rage, ne s'échappait d’un groupe de ses ennemis que pour tomber dans un autre plus acharné , faisait de vains appels à ces tribunes, qui, pen: dant cinq ans, n’adorèrent que lui, que le matin même il avait encore composées des brigands de son choix. L’éton: nement, la terreur les avaient glacées. Quelquefois il écoutait s’il entendait du dehors les cris du peuplé. Nul secours de BR; le peuple voyait son péril avec indifférence. Quelquefois, affaissé, comme expirant, il demandait la mort. La mort, lui répondait-on, oui, tu l'auras, maïs avec un supplice , il commence, et nous en jouissons, La tribune, gardée par les conjurés, était dvenue pour lui inaccessible. Il courait vers le fauteuil du président. Celui-ci {c'était Thuriot) agitait sans
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