Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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avec deux d’entre eux; d’autres, contre lesquels tous les faits étaient également prouvés, furent acquittés.
La convention fut revoltée de cette indulgence pour des crimes prouvés. Les accusés qu’on venait d’absoudre furent arrêtés de nouveau. Le tribunal révolutionnaire fut encore une fois renouvelé.
Le supplice de Joseph Lebon fut encore plus tardif : on ayait demandé, on n’obtint pas celui de Maignet. Il n’y eut d’autres poursuites faites contre les comités révolutionpaires de Paris qu'un jugement qui condamna à une exposition sur la place publique les membres du comité du Bonnet Rouge , convaincus d’escroquerie. Plusieurs des membres du tribunal révolutionnaire créé par le décret du 22 prairial furent accusés et mis en jugement. On mit à instruire leur procédure l'intervalle de temps qui leur suffisait pour égorger mille individus. La salle d'audience offrait un tableau lamentable ; chaque fois qu’un de leurs crimes était rappelé, des sanglots s’élevaient. À peine était-il un des nombreux spectateurs qui n’eût à leur dire : Tu m'as ravi le parent, l'ami qui faisait le bonheur de mes jours. Parmi les témoins accusateurs , il s’en trouvait plusieurs que Fouquier Thinville et ses compagnons avaient placés sur les listes funéraires; leur apparition semblait faire sur eux l'effet d’ombres vengeresses. Fouquier-Thinville était confronté avec tés infâmes délateurs qu'il employait à fabriquer les conspirations des prisons. Cet homme, qui portait sur ses traits la férocité de son ame, tournait souvent des regards furieuxsurtoute l'assemblée, etsur les juges eux-mêmes. La seule torture qu’il parut éprouver , c'était d’être plus que jamais dévoré de la soif du sang, et de ne pouvoir plus le répandre. Son plan de défense consistait à se couvrir toujours des ordres des comités et des décrets de la convention. Il se plaignait , avec des cris de rage, de ce qu’on violait à son égard les droits des accusés : quelquefois il passait subitement des rugissemens de la fureur à une froide ironie : il feignit de dormir pendant que l’accusateur public récapitula ses crimes. ii fut condamné , avec quinze de ses complices , presque tous meéinbres du tribunal révolutionnaire. Ici finirent les vengeances de la loi.
Les thermidoriens eurent part à un acte de justice qui était une noble attestation de leur repentir. 11 ne restait presque plus, dans les prisons de Paris, d’autres détenus que les soixante-treize députés qui avaient signé une protestation contre les journées du 3r mai et du 2 juin. La convention affectait encore d’honorer cette époque de sa serviiude; les impressions de la peur étaient durables sur une