Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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peuple, s’écrient quelques députés, Ze maximum, qui peut seul assurer ses subsistances ; rendez à ses ennemis une juste, une profonde terreur ; rendez aux patriotes la liberté et leurs assemblées. Peuple infortuné! du moins tu as trouvé des défenseurs qui te seront fidèles ; demeure aussi fidèle à les soutenir. Cependant les pétitionnaires se mélaient aux députés de la convention. Déjà ils se préparaient à rendre des décrets: mais lesthermidoriens avaient appelé, amené autour de la convention le bataillon des jeunes gens. Ils avaient. dispersé toute la troupe des séditieux qui environnaient l'assemblée, et ceux qui avaient pénétré dans son enceinte étaient cernés de toutes parts. Ceux-ci apprennent ce qui sè passe au dehors; ils se troublent, ils se précipitent dans les passages, qu’on laisse à dessein ouverts à leur fuite. C’est en vain que les députés jacobins se plaignent de cet abandon; ils attendent dans un morne silence la vengeance que va prendre l'assemblée d’une révolte qu’ils ont si hautement secondée. Billaud-Varennes, Collot-d’Herbois, Barrère, que la convention hésitait depuis deux mois à mettre en jugement, sont jugés parla convention même; ils sont condamnés à être déportés à la Guiane. Dix-sept autres députés sont condamnés à la détention; parmi ceux-ci, Amar, Maignet, Cambon, Léonard-Bourdon, Choudieu , Hentz, Moyse Bayle, Granet. Lecointre de Versailles est frappé de la même peine, lui le premier, et pendant quelque temps l'unique accusateur de Billaud - Varennes et de ses collégues en tyrannie. Il était accusé d’avoir, par la plus bizarre inconséquence , participé à une révolte dont l’objet réel était de les sauver. Ces moyens arbitraires, employés contre des hommes qui, pour la plupart, méritaient d’autres peines, mais qui avaient droit à réclamer d’autres jugeset d’autres formes de jugement, deux ans après, furent encore employés : les victimes étaient bien différentes. Pichegru , qui revenait de ses triomphes et de la conquête dela Hollande, fut chargé par la convention de protéger toutes ces mesures; il veilla à ce que rien ne s'opposât au départ de celui qu'il devait un jour rencontrer dans les déserts de la Guiane. Collot -d’'Herbois et BillaudVarennes y furent transportés. Le premier y mourut. On a dit qu’il avait encore tenté d’inspirer ses fureurs aux nègres de Cayenne : Barrère obtint des délais, puis la révocation de la peine à laquelle il avait été condamné.

Jusqu’alors la convention avait contenu le besoin de la vengeance dans le parti qu’elle avait relevé par degrés de la plus épouvantable oppression. Chaque jour les jeunes gens de Paris, appelés à repousser les bourreaux de leurs parens, les rencontraient, se voyaient maîtres de leur sort, et ne