Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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ble. Ils égorgent dans d’autres prisons; ils en livrent une toute entière aux flammes, et là périssent peut-être les hommes les plus indifférens à leur vengeance.
Suivant le rapport qui fut fait de cette fatale journée, le nombre de ceux qui furent ainsi égorgés fut de.soixantedix hommes.
La convention n'osa pas exprimer toute l'horreur que lui inspiraient ces meurtres. Les jacobins lui faisaient alors craindre des dangers plus pressans que la faction nouvelle qui venait de donner le signal des vengeances. Ces hommes, : habitués à tramer des soulèvemens et des insurrections , se taisaient depuis le 12 germinal ; ils paraissaient convaincus de l'impuissance de leurs efforts ; ils ne menacaient plus; à peine se plaignaient-ils. Paris, au milieu de la disette,, semblait jouir d’un calme profond ; mais le faubourg SaintAntaine , qui avait fait si souvent les destinées de la France, était le rendez-vous de tous les séditieux. Le rer prairial, au son du tocsin, plus de trente mille hommes prirent les armes et marchèrent contre la convention. Dans la funeste journée du 31 mai, les premiers rassemblemens avaient été moins nombreux, et sur-tout bien moins animés de fureur. Les cris de ralliement étaient : Du pain et la constitution de 93. Les jacobins portaient plus d’audace
ue d'invention dans leurs expéditions révolutionnaires ; elles étaient toutes conduites sur uu même plan:ils n’eussent osé rien entreprendre avant que la longue procession des piques eût traversé Paris. Avec un peu plus de célérité, ils pouvaient empêcher la convention de s’assembler. Une faible partie de leurs forces leur eût suffi pour s’emparer des comités de gouvernement, en arrêter les membres, et prévenir toutes leurs mesures. Mais déjà la convention attendait ces colonnes , et cherchait à leur opposer tous les citoyens qui avaient le plus à redouter leurs fureurs. À midi, elle est investie. Les bataillons qui viennent l’attaquer, et ceux qui viennent la défendre, sont mélés entre eux, et ne semblent former qu'une même armée. Une députation de séditieux paraît à la barre : ils présentent une pétition, qui n’est que la menace d’exterminer tous ceux à qui ils imputent leurs malheurs. Boissy d'Anglas était monté au fauteuil du président ; il ne promet au nom de l'assemblée que ce qu’elle peut promettre, des soins, de la vigilance. Du fond des tribunes s’élèvent les plus épouvantables cris : Du pain , du pain , ou la mort 3 Boissy ordonne que les tribunes 6ccupées par les séditieux soient évacuées. ils résistent; les députés de la montagne animent leur fureur. On entend frapper à coups redoublés