Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 55

Du rèste, tout ce complot rentrait dans le plan commun des mouvemens populaires que la révolution avait renouvelés si fréquemment et avec si peu de variété. Le faubourg Saint-Antoine s’'armant de fusils ou de piques ; des canonniers faisant rouler leurs pièces à la tête du cortége ; des femmes le grossissant et excitant cette troupe grossière ; les barrières fermées ; les monumens principaux et le trésor public envahis ; le ralliement accoutumé de la constitution de 93 et du pain : voilà tout le plan d’attaque. Les cinq directeurs et presque tous les membres du corps-législatif, une foule de fonctionnaires et de citoyens qui avaient contribué aux suites du 9 thermidor , devaient être frappés dans la journée même de Vinsurrection. La principale espérance des conjurés était

lacée dans un corps qui s'appelait légion de police, que Fes méprisait comme une troupe lâche et féroce , .et dans quelques généraux réformés, auxquels l’armée reprochait les plus honteuses défaites de la Vendée.

Pendant que ce complot se tramait, le directeur Bar ras fit appeler au Luxembourg l’un des conjurés (Germain), homme obscur, mais qui joignait à de l'audace quelque connaissance de cet art redoutable qu'on a nommé factique révolutionnaire. Ce dernier écrivit une relation détaillée de cet entretien. On est porté à croire à la fidélité d’un conjuré qui fait à ses complices un récit important. On voit dans cette pièce, qui fut rendue publique, et qui est assez curieuse, que le directeur Barras substituait de dangereux ménagemens , où même de viles fatteries , au langage de l'autorité qu’il fallait employer dans tonte son énergie vis-à-vis d'hommes si peu portés à la recon-

naître. ù _, Les notes de Babœuf portent que la conjuration devait éclater le 22 floréal, Mais depuis quelques jours le directoire était instruit de cette trame encore mal tissue. Le ministre de la police (Cochon) avait recu les révélations assidues d’un homme qui avait promis un appui trompeur aux conjurés. Babœuf fut arrêté avec quelques-uns de ses complices présumés. On ne trouva aucune pièce chez ceux-ci; mais. les papiers de Babœuf fournirent des renseignemens aussi bizarres que multipliés. J'ai dit que le député Drouet avait été impliqué dans ce complot, La constitution avait créé une haute-cour nationale pour juger des délits imputés aux différens fonctionnaires publics. Drouet y fut traduit, et y entraîna ses coaccusés; mais il n’y parut pas. Il était enfermé au Temple. On lui ménagea une évasion beauconp moins périlleuse que celle de sa prison d'Autriche. On crut