Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 6:

point da cour du directoire ; on disait quelquefois /a cour ae Barras.

Ainsi l'autorité suprême se composait de dictatures partielles, dont les limites, mal tracées, pouvaient incessamment appeler des chocs et des combats. Les finances seraient tombées dans un désordre moins épouvantable, si elles avaient été l’objet de l’une de ces dictatures. Les cinq directeurs, leurs divers ministres, les comités des deux conseils, ces conseils eux-mêmes, une foule de traitans trompeurs et trompés, tout administra, tout dérégla les finances : jamais leur administration n'eut tant de publicité et ne fut si confuse.

Il est vrai que la convention n'avait pas laissé à cet égard une tâche facile au gouvernement qui lui sucédait. Lorsqu'elle abattit les échafauds, elle fit un noble et trop tardif sacrifice des trois ressources principales de ses finances; c’est-à-dire, des réquisitions, du maximum et des confiscations : les assignats survécurent peu à ces trois fléaux.

On avait déjà fait plusieurs échelles de leur dépréciation dans les transactions du service publie ; mais leur discrédit allait bien au-delà dans les transactions des particuliers. Le moment approchait où le directoire, en renonçant à cette monnaie si facile et si fatale, se privait moins d’une ressource qu’il ne s’affranchissait d’une dépense. L'horreur attachée à cette violation de foi se perdait dans les souvenirs de la tyrannie de Robespierre, et dans la persuasion que la plus violente terreur pouvait seule retarder la chute des assignats.

Le directoire commit une faute; ce fut de se préparer peu à cet événement, contre lequel la prévoyance des particuliers s'était depuis long-temps exercée. Il en commit une seconde ; -ce fut d'essayer de substituer un nouveau papiermonnaie aux assignats. Îls entraînèrent dans leur chute rapide les rescriptions et les mandats territoriaux, auxquels on transporta leur gage et leur cours forcé. On n’eut pas même le temps de créer ces mandats, dont le directoire avait fait décréter une émission de deux milliards et demi. Les rescriptions, qui leur étaient assimilées, perdaient 9 pour 100 le jour même où elles parurent. Le gouvernement subit la peine de toutes les fraudes dont il donna lé signal. Il avait autorisé les particuliers à s'acquitter de leurs dettes avec la valeur nominale de ces rescriptions, qui, au bout de quelques mois, ne représentaient plus rien. Les brigands les plus exercés à tout genre de rapines n'auraient pu apporter plus de désolation dans les familles, que des débiteurs impudens qui, armés d’une loi, venaient ruiner ceux dont.