Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 97

Il n’aittend point que le cabinet de Vienne ait ténu envers lui toutes ses promesses , et lui ait envoyé tous les renforts dont l'armistice conclu sur les bords du Rhin permet de disposer. L'armée piémontaise se tient prête à seconder ses mouvemens. Il attaque les Francais, dont les postes s’étendaient à quelque distance de Savone. Le 20 germinal (9 avril 1796.), il se présente devant Voltri, que le général Servoni défendait avec trois mille hommes. Celuici, après un combat inégal , se replie à la faveur de la nuit, et le lendemain tous les postes avancés des Français sont attaqués à-la-fois. Beaulieu a la fougue d'un jeune capitaine , Bonaparte a les ressources d’un vieux guerrier. Ce dernier rassemble des corps d’élite pour tourner l’ennemi. Il ne précipite pas, il dissimule ses moyens d'attaque et de défense. Plusieurs redoutes des Francais sont emportées : celle de Montenotte était défendue par le chef de brigade Rampon, à la tête de quinze cents hommes. Quinze mille ennemis , et Beaulieu en personne , s'acharnent en vain jusqu'à la nuit à l'attaque de ce poste. Les soldats avaient juré devant l’intrépide Rampon de mourir tous dans la redoute avant d'y laisser pénétrer l'ennemi. Lorsqu’après avoir abattu sous leur feu, de longues files d’Antrichiens, ils voient ceux-ci arrivés à la portée du pistolet, ils renouvellent leur serment : Mourons tous dans la redoute ! Ils ne craignent point de manquer de poudre, n’ont-ils pas leurs baïonnettes ? Cependant Bonaparte , qui avait compté sur cette troupe de héros, met à profit leur constance, développe tout son plan de bataille. Par ses ordres, deux divisons étaient descendues précipitamment des flancs des montagnes. L'une , sous le commandement du général Labarpe, vient sur la droite tourner les Autrichiens, qui attaquaient la redoute de Montenotte , les taillesen pièces, les met en fuite ; l’autre, commandée par le général Massena, faisait un mouvement beaucoup plus étendu pour tomber sur les derrières de l’armée austro-sarde. Le lendemain 11 avril, tandis que le combat se rengage entre les deux généraux en chef auprès de l’inexpugnable Montenotte, Massena tombé sur tous les ’corps qui se mettaient en route pour porter du secours à Beaulieu. Les Autrichiens , les Sardes sont coupés , et ne peuvent plus se réunir. Voilà la première victoire dé Bonaparte, voyons comment il la poursuit.

Des passages qui semblaient ne pouvoir être tentés que par le désespoir d’une armée vivement poursuivie sont franchis rapidement par l’armée victorieuse. Le lendemain du combat, le général Beaulieu voit les drapeaux français sur la plupart des hauteurs qui le dominent : çes monvemens