Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dynastie qui lui était attachée par le sang. Sa Marine , encore puissante, rendait quelque force aux débris de la nôtre.

Déjà le directoire avait mis à profit cette utile diversion contre l'Angleterre. Exclu de l'empire de la mer > il avait osé la faire traverser à une armée intrépide qui , sous le commandement du général Hoche, allait venger dans l’Irlande tous les fléaux de la Vendée. Le directoire, si,terrible à ce qui existait en France de catholiques zélés, avait ranimé les espérances des catholiques irlandais, et dirigeait des soulèvemens qui avaient déjà pris le caractère de l'insurrection la plus redoutable. Les maîtres de l'Océan ne purent arrêter, ne parvinrent pas même à rencontrer une escadre composée de vingt-deux vaisseaux de ligne, d'un grand nombre de frégates et de bâtimens de transport qui conduisaient en Irlande Hoche et quinze mille soldats. Elle était sortie du port de Brest le 25 frimaire an 5. Elle avait été portée en peu de jours dans la baie de Bantry. Mais les vents, jusque-là favorables , se déclarent tout-à-coup contre cette audacieuse entreprise. Pendant un mois une mer orageuse disperse les vaisseaux, et lorsqu'ils se sont ralliés, les disperse encore, les chasse dans la baie de Bantry, et les en repousse. Les marins ne pouvaient naviguer qu’au travers des écueils. On vit souvent les généraux, et même les soldats, s’indigner contre les chefs de l’armée navale , et l'épée à la main, leur commander de les jeter sur un rivage d’où les Irlandais eux mêmes les appelaient, et où quelques milliers de Français avaient pu débarquer. Mais la tempête s'élevait plus furieuse et jusüifiait la Prudence des marins. Il fallut céder enfin à des vents si contraires. Séparés les uns des autres, les vaisseaux retournent vers la rade de Brest, et, malgré leur dispersion, chacun d'eux y rentre successivement. Cette expédition, dans laquelle on n’eut pas à regretter la perte d’un seul bâtiment, devint une source d'inquiétude pour les Anglais, honteux de n'avoir dû qu'aux tempêtes le salut de l'Irlande.

Ce ne fut pas-là le plus grand danger que les Anglais coururent dans cette année. Les troubles de l'Irlande causèrent beaucoup moins d'alarme à Londres que la nouvelle d’une révolte qui avait éelaté à-la-fois à bord des trois plus belles escadres de l'Angleterre. Elle n'avait pour prétexte qu'une demande formée par tous les matelots, d'une augmentation de solde. Mais leur fureur éclatant à-la-fois par le meurtre de plusieurs de leurs chef, par les plus violentes invectives contre les ministres, et même contre le roi, enfin par la menace inouïe de conduire leurs vaisseaux dans Îles ports de la France, portaient le caractère effrayant d’une

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