Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION.

Ta révolution francaise avait été annoncée, dès son ori. gine, comme devant être la révolution de l’Europe entière. Les rois s'effrayèrent , et bientôt ils entrevirent qu’il pourrait y avoir pour eux de grands avantages à tirer de ce désordre. Ils crurent que les discordes des Français leur livreraient la France ou quelques-unes de ses belles provinces. Ils s’armèrent, ils furent vaincus.

Mais, dans cette lutte longue et cruelle, la révolution -changea d’aspect ; elle avait promis un peuple de penseurs , elle fournit un peuple de soldats, La France devint un camp: on y parlait encore de maximes de liberté, mais, dans le fait, on y obéissait à des lois militaires; il ne s'agissait plus d'éclairer des voisins , il fallait les soumetire. Jamais une nation ne combattit avec plus d’ardeur pour son indépendance. Des crimes, des massacres, des supplices, des actes qui annoncçaient un peuple en démence, souillèrent la gloire d’un si beau mouvement. J'ai eu à les retracer dans le Précis historique de la Convention. Le tableau qu'offrent les quatre années où la république fut régie par un directoire exécutif et par deux conseils eët moins terrible; Fattention n’a plus à se porter sur des masses tumultueuses dont les mouvemens sont toujours difficiles à expliquer. L'influence de quelques hommes se fait mieux sentir, dans cette partie de notre histoire. La nation francaise et ses armées semblent deux peuples distincts; celui du dedans succombe chaque jour davantage à la lassitude qui a dû résulter de ses grandes convulsions; celui qui combat au-dehors ne cesse de s’enflammer par ses succès , et même par ses revers. La discipline militaire fait de nouveaux progrès ; la subordination civile ne peut s'établir. De grands généraux se forment, de faibles magistrats se

succèdent, se proscrivent, et, en s’attaquant entre eux, détruisent toute espèce d'autorité. On venait de sortir d’une anarchie qui était née du choc de toutes les passions déchaînées ; on retombe dans une anarchie nouvelle, qui ne semble avoir d'autre cause que l'impuissance de se créer des lois justes et fortes.

Les quatre années dont j’entreprends de rappeler les principaux événemens se divisent en deux époques ; l’une qui a pour terme la journée du 18 fructidor, l’autre qui a pour terme le 18 brumaire. Dans la première, c’est la gloire nationale qui domine ; les secousses intérieures ont :

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