Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

8 INTRODUCTION.

son autorité ; maintenant ils se tenaient retirés sur la rive droite du Rhin , abandonnant même des possessions prussiennes. La grande armée de la ligue était encore plus loin et dans un plus grand désordre; les Anglais faisaient acheter et détester leurs secours. Pouvaient-ils bien défendre une puissance maritime dont ils bräülaient d’envahir les florissantes colonies? Enfin le stathouder craignait des

atriotes vindicatifs qui lui reprochaïent, au milieu de ses périls et de son humiliation , de les avoir livrés d’abord au joug du soldat prussien, et ensuite à l’orgueil ei à la -cupidité des Anglais. Déjà un grand nombre de ces républicains entretenaient des intelligences avec ceux de leurs concitoyens exilés qui avaient suivi Varmée française, et ‘qui avaient établi à Anvers un comité d’insurrection. Le stathauder venait de recevoir des étets-généraux un pouvoir dictatorial, arme dangereuse pour qui craint d’en user. Le départ du duc d’Yorck, qui s'était retiré en Angleterre, en laissant le commandement de l’armée anglaise au général Walmoden , affranchissait du moins le stathouder de la tutelle d’un prince tant de fois vaincu, et qui n’était plus superbe qu’envers lui, Il prit le parti de traiter avec les Français. Il offrit des conditions de paix semblables à celles que proposaient les descendans de Charlemagne aux hommes du Nord, c’est-à-dire, une immense rancon. Il s’engageait à payer quatre-vingts-millions de florins ; il reconnaissait la république française : froide et singulière déclaration de la part d’un souverain que cette république méditait peut-être d’effacer du nombre des puissances européennes. Il Jui demandait de reconnaître à son tour le gouvernement des sept Provinces-Unies tel qu’il était établi. La convention nationale, ou plutôt son comité de salut

ublic, recut avec dédain ce premier hommage qu’arrachait à république à l’un des potentats ligués contre elle. Le stathouder , par létendue de ses offres , ne fit qu'exagérer à l'imagination l’étendue de la proie que pouvait offrir la Hollande. Déjà tout était disposé pour une attaque beaucoup plus impétuense et plus hardie que celle que tenta Louis XIV, qui, trop attentif à conquérir des forts, avait perdu l'occasion de conquérir les sept Provinces. Une gelée âpre et continue vint tromper l'espoir des Anglais, qui, sourds aux plaintes des habitans des campagnes , avaient ouvert les écluses. La Hollande attaquée n’eut plus de fleuves pour sa défense, et des bras de mer, devenus des routes solides, furent des champs de bataille où combattirent des soldats portés sur des crampons, et où l'artillerie fut traînée, Peu de faits militaires s'offrent sous un aspect plus éton-