Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

F0 INTRODUCTION.

Le stathouder, dans cette extrémité, écouta plus l'in= térêt de ses concitoyens que son ressentiment. Il pouvait suivre l’armée anglaise, qui espérait se défendre encore, dans les Provinces-Unies, jusqu’au printemps; mais il fournissait par là des prétextes à la colère des Francais, qui auraient vengé sur tous ses partisans, et peut-être sur tous les Hollandais, les dernières preuves de dévouement qu'il en aurait reçues. Il quitte Gorcum, où il avait établi son dernier quartier-général : il se rend à la Haye et paraît à l'assemblée des états généraux, dont il avait depuis si long-temps mis à l'épreuve la soumission et le zèle. Il vient aujourd'hui leur demander d'abandonner sa cause : il craint tout effort qui prolongerait les troubles de sa patrie, et qui lui rendrait plus dur le joug étranger sous lequel elle va passer. Il vient déposer solennellement un pouvoir qu’on a représenté comme odieux, et qu’il n'a pu rendre utile à ses compatriotes. Tels furent les adieux du descendant de ces princes d'Orange dont le nom est glorieusement mélé à toutes les belles époques de la liberté hollandaise. Dès le lendemain , il quitta cette terre natale, et s'embarqua pour l'Angleterre.

Le général Pichegru était à Utrecht lorsqu'une députation des bourgeois d'Amsterdam vint lui apporter les clefs de cette ville. Les Français y entrèrent le 9 janvier 1795 : la discipline fat sévérement observée. Les habitans d'Amsterdam, par un accueil franc et libéral, sans prodigalité, fournirent des récompenses, et non des tentations à la sagesse du soldat. Un fait que l'histoire ne doit point omettre, c'est que, le jour. même où les Français entrèrent dans Amsterdam, la bourse fut ouverte ; toutes les opérations commerciales eurent lieu comme de coutume, les dettes furent acquittées avec la même fidélité. L'observateur, en remarquant cet exemple signalé et du flegme et de la bonne foi héréditaire de ces républicains commerçans , pouvait dire ce jour-là même : La Hollande existe encore.

Des villes telles qu'Amsterdam , Rotterdam , Utrecht, la Haye, Leyde, invitaient au repos une armée qui avait éprouvé tant de fatigues dans une saison si rigoureuse. Cependant les généraux trouvèrent à rappeler les soldats de ces villes opulentes où ils venaient d’entrer , la même facilité qu'ils avaient eue à les y conduire. On ne voulut rien laisser à conquérir dans les sept Provinces-Unies. Le reste de l’armée anglaise, continuant jusque derrière l’Ems une retraite qui avait commencé dès les environs de Lille, s'embarqua enfin à Brème. Gette campagne offrit un sin-