Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 17

La France conserva cependant les îles de France et de Bourbon , ou plutôt elles surent se conserver en dépit de la république , qui semblait acharnée à renverser ses colonies. On leur avait envoyé des commissaires munis d’'instructions qui auraient compromis le salut et l'existence de ces îles , jusque- là fidèles et paisibles. Les habitans, sous la conduite de Sircey, bon marin , homme d'état judicieux, renvoyèrent les commissaires français sans se révolter contre la république, maintinrent leurs lois, refusèrent les secours des Anglais , et devinrent les seuls ennemis qu’ils eussent à craindre dans ces parages.

L'Angleterre soutenait les expéditions qui devaient la mettre en possession du commerce de l'univers , en déployant toutes ses forces navales. La France ne songeait qu’à différens intervalles à faire quelques efforts pour relever sa marine. La puissance prodigieuse, mois momentanée des assignats, ne suffisait pas à la construction des vaisseaux qui lui étaient nécessaires. Tout le courage qu'excitait la révolution ne pouvait remplacer l'éducation maritime. L’émigration de ia plupart des officiers distingués de cette arme laissait un vide que ne pouvaient remplir les pilotes de quelques bâtimens de commerce ni d'intrépides corsaires, En incendiant la flotte de Toulon, les Anglais s'étaient assurés l'empire de la Méditerranée. L’escadre de Brest fut engagée, en 179, dans un combat inégal, où elle perdit six vaisseaux. Éile avait eu pour but de protéger le retour d’un long convoi chargé de grains qui revenait de l’'Amérique septentrionale. L'escadre anglaise sous le commandement de l'amiral Howe, abandonna bientôt la poursuite du convoi pour présenter la bataille à l’escadre commandée par le vice-amiral Villaret-Joyeuse. L’honneur français n’aurait point à souffrir d’une relation détaillée de cette journée, où chaque vaisseau se battit avec beaucoup d’intrépidité, mais l'ignorance de plusieurs capitaines rendit inutiles les dispositions prises par Villaret-Joyeuse ; les signaux furent mal compris ; les manœuvres ma exécutées. Un vaisseau nommé Le Pengeur, après la défense la plus héroïque, s’abima dans les flots plutôt que de se rendre. Lamarine française fut accablée par Les suites de cette bataille, que le comité de salut public fit célébrer comme un triomphe.

Le commerce du Levant et celui de la mer Baltique tombèrent bientôten partage aux Anglais. Ils ne se firent aucun scrupule d’assujétir les puissances de l'Europe qu'ils avaient réunies dans la ligue contre la France, aux vexations et aux opprobres de tout genre qu'impose leur code maritime en temps de guerre à tous les pavillons. Hambourg était de-

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