Quelques lettres de G. -H. Dufour (1813-1815)

6

fut emmené à Malte et moi transporté par un parlementaire à Corfou, les Anglais ne se chargeant pas volontiers des infirmes et des blessés. La nuit fut pénible et me parut bien longue. J’avais les cuisses et les mains en chair vive, le visage et surtout les oreilles passablement atteints. Enfin, dans la matinée du lendemain, on me déposa au lazaret, où je passai une dizaine de jours, sous les soins d’un aide-chirurgien et d’un infirmier ignorant. Celui-ci me donna, en une fois, l’opium que je devais prendre en plusieurs jours... J’étais empoisonné. On me fit avaler un verre d’huile.…. Pendant dix jours, je crus rester aveugle. Je puis donc dire que j'ai essayé un peu de tout en ma vie. J’ai été sourd et aveugle, brûlé et empoisonné. »

Les lettres que je publie existent en original à la Bibliothèque publique et ont été acquises par le Conseil administratif, dans une vente aux enchères, qui a eu lieu à Paris en novembre 1882. Je n’y ai fait qu’un petit nombre de suppressions.

Th. Durovr.