Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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États dans le trouble : mais, trop sensible aux maux qu'a causés parmi nous l'esprit de révolution, et trop attaché au parti qui ne vouloit rien céder, il ne peut toucher aucun point d’histoire, même de celle de l'antique Égypte, sans y chercher, sans y trouver des allusions au temps de nos souffrances et de nos erreurs. Sa maxime, que nul n’a le droit de vouloir une révolution li mérite d’être consacrée : mais il accorderoit quelque indulgence au repentir, s'il daignoit se rappeler que c'est le corps dont il étoit membre qui a voulu, qui a suscité notre révolution, et qui l'a rendue inévitable. Souvent il atteint la vérité, et bientôt il l'altère en l’excédant. Parce que la France a eu d’odieux criminels, il semble envelopper tous les François dans sa haine, et nous mépriser;tous parce que nous avons gémi sous de misérables factieux. Tantôt il rend honneur à la philosophie, et tantôt, parce que des misérables se sont parés du nom de philosophes, il rejette sur la philosophie tous leurs crimes ; comme si la philosophie, qui n'est que la plus saine raison, pouvoit jamais être criminelle ! comme si lui-même n'étoit pas philosophe toutes les fois qu'il raisonne bien! Tantôt il prononce que les progrès de l'esprit humain n’en sont que la dégradation, et tantôt, rendu à lui-même, il fait l'éloge