Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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linfortuné Poniatowski , qui ne monta sur le trône que pour connoître le malheur, et ne reçut, comme il le disoit lui-même, qu'une couronne d'épines. Mais souvent des contradictions décèlent les injustices de l'historien : il accuse les Russes de fâcheté et d’une absurde impéritie dans Vart de la guerre, et il avoue qu'ils ont vaincu Frédéric-le-Grand ; il reconnoît que jamais trois cents Russes ne se sont détournés pour éviter trois mille Polonois , et cependant il célèbre avec raison la valeur Polonoise; ïl représente Catherine comme une souveraine inhabile dans l'art de gouverner, et entraînée d'imprudence en imprudence par ses passions et par son conseil, et il avoue que Frédéric, dont il ne parle jamais qu'avec éloge , partagea la politique de cette princesse ; il veut intéresser le lecteur pour la république de Pologne, et il a montre, depuis un siècle, livrée à l'anarchie par un régime qui consacroit la guerre civile sous le nom de confedération. Mais ce qui fait le plus de peine, c'est qu'on sent que l'auteur dit souvent la vérité, et qu'on ne sait comment la démêler de l'erreur. En un mot, la lecture de son ouvrage n’inspire qu'un bien triste sentiment, celui de la haine contre la plupart des personnages qu’il introduit sur la scène.