Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

228 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

et qu’en ceignant la couronne, il avait nommé lieutenant général du royaume, venait, après des péripéties sans nombre, de se fixer en Angleterre. De Londres où il s'était d’abord rendu, d'Édimbourg où le gouvernement britannique l'avait ensuite interné, il pouvait, bien mieux que son frère ne le pouvait d'Italie, correspondre avec les royalistes de Bretagne et de Vendée. Il en était résulté que, dans les provinces insurgées, il était beaucoup plus connu que le roi lui-même.

Les chefs chouans opéraient au nom du roi. Mais, c’est du comte d’Artois qu'ils recevaient des ordres, avec lui qu’ils correspondaient. Lorsqu'ils demandaient, avec une insistance incessamment renouvelée, qu’un Bourbon vint se mettre à leur tête, c’est le comte d'Artois qu'ils entendaient désigner; c’est lui qu'ils voulaient, lui qu’ils appelaient comme si son frère aîné, « Monseigneur le Régent », dont il'était censé leur transmettre les ordres, n’eût été pour eux qu’un inconnu ou encore un prince de parade, attaché par sa grandeur même à son isolement et condamné à n’en sortir que lorsque d’autres lui auraient ouvert, sans sa participation, le chemin du royaume.

. Cette situation, qu'il était contraint de subir, le