Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LOUIS XVIIT ET CHARETTE. 229

comte de Provence la considérait éomme offensante pour sa personne. Soit comme régent, soit comme roi, on le voit sans cesse s’efforcer de mettre un terme à son inaction, protester contre «la politique infernale » qui la lui impose et multiplier les tentatives pour reprendre, dans la conduite des affaires de l’émigration, la place à laquelle il a droit. Ce n'est pas qu’il jalouse son frère, mais il craint d’encourir « le mépris de ses sujets et celui de la postérité ».

C'est en ces circonstances qu'au commencement de 1795, n'étant encore que régent, mais exerçant en cette qualité les pouvoirs royaux, il parvient enfin, après de longs et infructueux efforts, à s'ouvrir une communication avec la Vendée, par la voie des agents qu'il entretient à Paris. Il en profite aussitôt pour écrire au chevalier de Charette, le plus populaire- des chefs chouans. Cette lettre porte la date du 1° février; elle est ainsi concue :

« Enfin, monsieur, j'ai trouvé ce moyen que je désirais tant; je peux communiquer directement avec vous; je puis vous parler de mon admiration, de ma reconnaissance, du désir ardent que j'ai de vous joindre, de partager vos périls et