Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

252 ‘ RÉCITS, DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

On ne saurait donc, semble-t-il, ne pas les considérer comme de mauvais Français.

Est-ce là, cependant, l’opinion des généraux et des soldats qui défendent la patrie? Tiennent-ils les émigrés militants pour des traîtres ? Il est difficile de l’admettre quand on étudie avec quelque attention les hommes et les choses de ce temps. Toutes les fois que ces frères ennemis, enrôlés les uns sous le drapeau tricolore, les autres sous le drapeau blanc, se rencontrent autrement que les armes à la main, ils fraternisent, et jusque dans les fureurs des combats, ils se rappellent qu'ils sont de même race; ils s’épargnent.

Ceux à qui l’armée française ne pardonne pas, ce sont les Dumouriez, les Pichegru, les Willot, ceux qui ont d’abord défendu la République et qui l'ont ensuite abandonnée. Mais, pour les émigrés, pour ces partisans de l’ancien régime, qui combattent et meurent en criant : « Vive le Roi! », pour cette noblesse décimée et fidèle, que ses malheurs ont démoralisée et dont la conduite ne s'inspire que de son amour pour les Bourbons, les soldats de la Révolution, comme ceux de Napoléon, sont pleins d'indulgence. Ils le prouvent en toutes les circonstances où ils peuvent laisser