Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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dée pour continuer à piller; d’une ville où les possesseurs légitimes ont été ruinés, sans que les spoliateurs y aient rien gagné, ni qu'ils soient encore rassasiés ; d’une ville dont les anciens habitants se sont laissés dominer, intimider, et, pour ainsi dire férociser par une poignée d'étrangers; d’une ville qui vient de subir toute espèce de dégradations, où le erime marche à tête levée, et dont la religion pure et ses respectables ministres sont en proie à une persécution inexorable et singeresse; d’une ville où ceux qui ont été victimes sont bien moins à plaindre que les honnêtes gens qui en ont été les témoins, et dont le sort n’est peut-être que suspendu ; d’une ville qui va se trouver pressée par l'indigence oïseuse et salariée, entre l'humiliation des offensés et l’arrogance des offenseurs; entre la famine, la discorde, les haines et les vengeances; d’une ville, enfin, où la liberté a été à jamais flétrie, et où ceux mêmes qui gémissent le plus sur la carrière désastreuse dans laquelle ils se sont laissés entraîner, n’entrevoient, pour en sortir, qu'un précipice plus affreux encore? En effet, lors même que la majorité d’entre eux, quoique désarmée, réussirait, par quelque noble coup de désespoir, à se délivrer du joug révolutionnaire, les armées françaises qui les environnent de toutes parts, ne manqueraient pas d'accourir pour venger les oppresseurs, et pour dévouer les opprimés au sort des Lyonnais.

Cette ville, autrefois si intéressante, est perdue peutêtre sans ressource pour la religion, pour la moralité, pour les sciences, pour les arts, pour le commerce et surtout pour la liberté. Tous les moyens de paix, de bonheur,