Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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commença à se montrer à découvert; déclara qu'il serait injuste de ne sévir, dans ce second acte, que contre des patriotes égarés; el annonça qu’il était lemps de s’occuper sérieusement des nouveaux prisonniers aristocrates, auxquels il avait donné les arrêts domestiques. Leur nombre s'élevait déjà à 343, tirés, pour la plupart cette fois, de ce qu’on appelait l'aristocratie bourgeoise, c’est-à-dire de l'ordre marchand, qui, depuis la catastrophe des aristocrates, avait été dénoncé à son tour, comme plus riche et plus avare qu'eux.

Par les suites d’une fatalité qui, dans tout le cours de celte révolution, a entrainé les Genevois honnêtes et éclairés à se tromper dans chacune de leurs conjectures, et à prendre constamment le parti le plus dangereux en adoptant le plus doux, ces nouveaux prisonniers avaient eu la simplicité de se laisser persuader que le dernier armement était uniquement destiné à les sauver, eux et l'indépendance de la République. Ils en attendaient le résultat avec anxiété, et faisaient les vœux les plus ardents pour le parti qui triompha, lorsque celui-ci, en leur apprenant sa victoire, leur annonça en même temps qu'ils en étaient le prix.

Quoique le tribunal eût prononcé ci-devant que le peuple avait été enfin suffisamment vengé, il déclara qu'il ne suffisait point d’avoir puni les monlagnards comme anarchistes, et que, puisque les premiers actes de justice nationale n'avaient pu suffire pour détruire les ennemis de la patrie, se trouvait forcé de sévir de nouveau contre ceux qu'il appelait les ennemis incorrigibles de la liberté et de l’égalite.

Ce second rapport, publié le 6 Septembre, l'emporte,