Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

— Ad —

d'hui que les arrèts qui leur furent intimés, sous prétexte de les y soustraire, n'avaient été qu'une précaution pour les empêcher de prendre part au combat qui semblait se préparer, et pour les réserver d'autant mieux comme la proie du vainqueur. Peut-être même le discours si pacifique, imprimé par ordre du parti révolutionnaire, n’avaitil été lui-mème qu’un leurre destiné à les endormir sur les bords du nouveau précipice qui s’ouvrait sous leurs pas.

Ilest vrai que, dans cette troisième scène, le sang innocent n’a pas coulé. et que, vu leur absence, les six prétendus aristocrates condamnés à la mortne l’ont point subie ; mais la plupart des autres chefs de famille amenés en jugement, ont été condamnés à l’exil perpétuel, ainsi qu'à la confiscation de leurs biens, et les autres, à des emprisonnements domestiques plus ou moins longs, mais surtout à la privation de leurs droits politiques.

Ce qui a déterminé les oppresseurs à ce nouveau genre de peine, c’est que, comme on vote, dans l’Assemblée du Peuple, par le serutin secret, et qu'ils connaissent les vrais sentiments de la pluralité de ses membres, ils n’osent pas tenter dé la convoquer avant d’en avoir judiciellement exclu les honnêtes gens qui n’ont pas pu fuir Genève. Comme ce jugement rétroactif porte sur environ un millier de chefs de famille, il est évident que cette révolution destinée à la conquête de l'universalité du droit de suffrage, en a déjà dépouillé près de la moitié de ceux qui en jouissaient|! !!

En attendant, l’Assemblée générale du Peuple est remplacée, provisoirement, par vingt-trois clubs, soit sections révolutionnaires, où les opinions se donnent à