Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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la ville de l'Europe la plus distinguée, j'ose de dire, par la généreuse bienfaisance de tous ceux de ses habitants qui étaient au-dessus de l’étroit nécessaire ; dans cette Genève, où la bienfaisance semblait un fond intarissable, etoù l’on comptait des riches, tels que le syndic Cayla, qui divisaient leurs revenus en deux portions, dont l’une était toujours envisagée par eux comme le patrimoine sacré du pauvre. Nulle part au monde l’indigence n’était soulagée avec autant d'humanité et avec plus de délicatesse qu'à Genève. On cherchait même à la deviner pour s'empresser d'aller au devant d'elle ; etles collectes volonaires, les souscriptions de tout genre, les charités publiques et particulières, égalaient et surpassaient même souvent les revenus de l'Etat. Jen appelle ici au témoignage de tous les étrangers, qui étaient ravis et confondus de ne jamais rencontrer chez nous même l'apparence dela misère. Ils l’auraient été bien davantage encore d’apprendre que la cinquième partie de notre population était constamment assistée par les citoyens riches et aisés, contre lesquels elle vient de tourner tout à coup sa fureur destructive.

Le caractère Genevois ne s’est pas même démenti au milieu de l’horrible épreuve à laquelles les riches se sont trouvés en proie. Ils n’ont songé à se réunir que pour venir au secours des pauvres. Une souscription étant ouverte à cet effet, on a vu des Genevois y venir verser une partie de ce qu'ils avaient réussi à sauver du pillage général; et elle produisit, en peu de jours, au-delà de trois mille louis.

Il n'y avait d’ailleurs. dans cette petite république qu'a alteint le volcan de la Révolution Française, ni réformes