Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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me, qui avait si pompeusement offert son concours au Gouvernement contre les anarchistes, ne donna pas en cette occasion le moindre signe de vie; pas un de ses membres ne courut à l'Hôtel-de-Ville offrir ses services. On les considéra comme des fanfarons, et leur cercle discrédité fut successivement déserié par tous ceux qui le fréquentaient.

Un instant interrompu par cet événement, le Comité chargé de proposer des changements à la Constitution et aux lois, reprit son travail. Le docteur Louis Odier, homme d'esprit et de conscience, s’occupait de ja partie politique, mais avec la conviction que le moment n’était pas encore venu de faire une loi fondamentale. Butini ne s'occupait que de la compilation des lois civiles, et Dentand, celui qui par ses lumières et son génie eût été le plus propre à s'élever à la hauteur d’un vérilable législateur, avait depuis longtemps rédigé à lui tout seul un projet de code, qu’il considérait comme un chef-d'œuvre, bien supérieur à celui dont Anspach et l’Assemblée Nationale avaient doté la République. En dehors du Comité, Ja polémique agitait aussi les questions législatives, et Cornuaud s'exerçait dans ce nouveau champ ouvert à ses talents, où il se distingua. Il rendit aussi quelques services dans les réformes financières qu'il fit adopter. Grâce à ses soins et au zèle désintéressé de Fol et de Dufour, gérants du comptoir patriotique, les versements de 250 louis par semaine, que le fise faisait à ce comptoir, furent successivement réduits et finirent par cesser. L'économie fut aussi introduite dans les dépenses de l'administration; c'est ainsi que tout rentrait dans l'ordre, et que l'avenir se montrait sous des couleurs moins sombres.