Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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présager les vifs regrets que iémoignaient un grand nombre de citoyens sur l’affreux souvenir du passé, et les assurances positives qu'ils donnaient que la justice et les lois seraient désormais soutenues et respectées ; quand, dis-je, la journée du 22 septembre, à jamais mémorable par les crimes qui l'ont ensanglantée, est venue, en couvrant de nouveau notre patrie expirante de deuil et de larmes, me donner l’affligeante conviction de la vérité de mes observations, ce rayon d'espérance, je l’avoue, s’est terriblement affaibli à mes yeux : cependant, tant que la patrie respire, il est permis d'espérer; croire fermement à son salut, c’est presque la sauver : la plaie est grande, j'en conviens, mais elle n'est pas encore incurable. D'une main ferme et guidée par l'expérience, osons enfin lever l'appareil qui la couvre, surmontons la répugnance que fait naître l'idée qu’on doit naturellement s'en former, et nous trouverons dans tout ce que son aspect peut avoir de plus hideux , le courage nécessaire pour tenter du moins sa guérison. Une fabrique , mère nourricière des citoyens, qui périt d'inanition ; un commerce presque nul; les fortunes secourables anéanties; un hôpital dont la charge doit conséquemment s’accroître, et qui a vu l’année dernière une dépense, que l'administration la plus sage n’a pu réduire, s'élever à la somme exorbitante de 400,000 florins en sus de ses ressources, que nos malheurs ont fait disparaître ; des impôts assis avec si peu de jugement, perçus avec une telle négligence, ou leur paiement si facile à éluder, que l’égoïste échappe facilement à la juste rétribution que doit un citoyen honnête ; un compte-rendu qui nous présente nécessairement et conséquemment un déficit de 600,000